lundi 30 novembre 2009

Quand les objets nous font mentir

Les objets sont des compagnons de notre vie psychique. Nous en avons quelques preuves dans notre vie quotidienne : nous sommes plus à l’aise dans tel vêtement particulier; nous connaissons les effets de cohésion de l’uniforme; et les proverbes comme “l’habit fait le moine” maintiennent dans la culture la conscience de l’influence du monde non-humain sur le fonctionnement psychique.

Une expérience publiée dans Psychology science, The Counterfeit Self: The Deceptive Costs of Faking It [PDF]  le met en évidence : porter des objets contrefaits conduit a la fois à agir de façon amorale et à juger les autres de la même manière.

Dans cette expérience, certains sujets portaient des lunettes de marque et d’autres des lunettes contrefaites. En fait, tout le monde portait des contrefaçons mais seuls ceux qui pensaient porter des objets contrefaits se conduisaient de façon malhonnête. Ils avaient également plus tendance à répondre “oui” aux questions du type “je ne me connais pas vraiment” ou “je me sens aliéné”

Autrement dit, faire semblant “en surface” avec des objets à un impact sur la façon dont on se  perçoit profondément. Pour l’auteur de l’étude le processus est le suivant : les contrefaçons sont un marché de dupes. Apparemment, ils accroissement l’estime de soi puisque l’on porte un objet qui a une forte valeur. Mais en fait, secrètement, ils la diminuent et diminuent le sens moral puisque je sais que je triche. Cette connaissance a un effet sur la façon dont je perçois l’environnement  et sur mes actes : si j’ai triché, peut être est ce que les autres aussi ont triché; si j’ai triché (sans être pris), alors je peux faire d’autre tricheries

Mais ce n’est là qu’une partie du chemin. Cela voudrait dire qu’il suffirait de porter des objets de marque pour nous conduire de façon morale ou d’une façon conforme au storytelling de ce ces marques.

Les résultats de cette expérience ne peuvent se comprendre que si l’on prend en compte que les objets sont médiateurs de notre vie psychique. Ils sont autant des reflets de nos états internes que leurs antichambres. Nous choisissons nos objets d’ornement  en fonction de nos états internes et ces objets ont un impact sur la façon dont nous nous percevons parce que nous avons avec les objets, avec tous les objets, une relation intime et profonde.

samedi 28 novembre 2009

9’29 de hacks

C’est devenu un classique du cinéma : la scène de hack. Une personne s’introduit dans le réseau  ou force un ordinateur. C’est un moment qui est toujours très chargé dramatiquement, parce qu’il porte des fantasmes d’intrusion et de possession.

Comment souvent dans les mondes numériques, il s’agit là de fantasmes archaïques par lesquels l’enfant se représente pénétrant le corps maternel pour le contrôler de l’intérieur ou le détruire.

A voir certaines scènes, cela peut aussi être source de joie ou de jouissance

Hit me !

 

 

dimanche 22 novembre 2009

La fessee

Max Ernst, La Vierge Marie donnant une fessée à l'Enfant Jésus. © ADAGP, Paris, 2005

La fessée est une pratique brutale, violente, et qui a une valeur pédagogique nulle.

Le tollé suscité par la proposition de loi de Edwige Antier visant à interdire la fessée montre cependant a quel point il existe un clivage entre ce que chacun peut accepter intellectuellement et ce qu’il est prêt a admettre.

La fessée ? Après tout, il ne s’agit là que d’un geste d’impatience face à un enfant qui se refuse à obéir. On remarquera que l’impatience est comprise et tolérée pour l’adulte, alors qu’elle ne l’est pas lorsqu’il s’agit de l’enfant. Devant un enfant impatient qui lève la main sur un camarade, on s’offusquera. Si c’est un parent qu’il menace, on se scandalisera. Pourquoi ? Il ne fait pourtant que ce que fait tout enfant : suivre l’exemple de ses parents. Si ceux ci se laissent aller à leur violence, pourquoi ne le ferait il pas ?

On peut pourtant penser qu’un enfant est moins à même de contenir ses désirs précisément du fait de son statut d’enfant. Il n’a pas la même perception du temps qu’un adulte, il n’est pas soumis aux même exigences sociales, il a une perception de la réalité qui est très imprégnée de son imaginaire,  et il n’y a pas si longtemps que cela son immaturité totale lui laissait penser, pour peu qu’il ait été dans un environnement suffisamment bon, que tous ses désirs pouvaient être exaucés.

Que le travail d’éducation des parents vise à aider l’enfant à satisfaire ses désirs dans les cadres déterminés par la culture dans laquelle il vit, cela est évident. Mais en quoi se laisser aller a la satisfaction immédiate de violence en battant pourrait avoir une quelconque vertu ?

En rien.  Pire : un enfant battu est un enfant humilié.

Un enfant confronté a la violence parentale est un enfant qui vit une situation traumatique. En soi, sa situation d’enfant le place déjà dans une position déséquilibrée, inégalitaire : son corps minuscule fait face a l’immensité des corps adultes, à leur voix qui tonne, à leur force immense, à leur habilité prodigieuse. Ce déséquilibre a été engrammé dans les cultures sous la forme de contes dans lesquels un héros triomphe de géants.

Ce que l’enfant  vit pendant la fessée, c’est la confrontation avec un parent qui déchoit de son statut de parent, un parent dont le visage se transforme sous l’effet de la colère, un parent qui ne peut plus contenir les fantasmes agressifs, violents, et finalement, les fantasmes de mort qu’il nourrit vis à vis de son enfant. De son coté, l’enfant battu est lui même aux prises avec des fantasmes de mort : il veut frapper comme il a été frappé, il veut briser comme il a été brisé, il veut, en définitive, la mort de celui qui l’a agressé.

Ces désirs, en soi, qu’il s’agisse de ceux du parent ou de l’enfant ne sont pas répréhensibles. Les choses sont différentes selon qu’il s’agit de l’adulte ou de l’enfant. Du coté de l’adulte, ce qui est dommageable, c’est de se laisser aller à satisfaire directement des désirs agressifs. Du coté de l’enfant, ce qui est dommageable, c’est de vivre des désir comme “mauvais”. Comme la fessée est donnée “pour son bien”, et par son parent, il ne peut s’empêcher de les vivre  avec une pointe de honte et de culpabilité.

Voilà donc un point de fixation possible aux névroses de l’enfant de l’age adulte.

Il est possible d’élever un enfant sans le battre d’aucune façon, et même sans exercer de violence sur sa personne. Cela nécessite de la part du parent un travail sans doute plus important : il doit contenir ce que l’enfant ne peut pour l’instant contenir, et le transformer suffisamment en attendant que l’enfant puisse le faire pour lui. Cela fait partie de la fonction même de parents qui sont des individus au service de la croissance bio-psychologique d’un l’enfant : ils sont des tuteurs, et doivent s’effacer dès que l’enfant peut assurer pour lui-même la fonction que les parents assuraient jusque là.

 

Les parents s’épargneraient bien des problèmes s’ils prenaient conscience que leur enfant n’a pas a leur obéir. Leur enfant doit apprendre a assurer sa sécurité, puis celle des autres, et se conduire d’une façon honorable. Demander a un enfant a obéir a ses parents, et le punir en cas de désobéissance est la meilleure façon d’aider a construire des adultes soumis a l’autorité ou la refusant de façon névrotique. Obéir a la loi est une exigence bien plus grande que de satisfaire papa et maman, et les fruits de cette exigence sont alors bien plus grands. Mais il faut d’abord que les parents montrent l’exemple.

samedi 21 novembre 2009

Souriez vous etes filmes

http://www.businessattitude.fr/images/londres/cctv.jpg

J’ai toujours trouvé d’une hypocrisie totale les “Souriez vous êtes filmés” et autres “Pour votre sécurité, ce magasin est sous vidéo surveillance”. D’abord parce que le premier impératif confond la sphère privée et la sphère publique, qu’il fait semblant de croire que notre humeur devrait toujours être joyeuse, et qu’il force l’émotion que nous devons ressentir. Ensuite, parce que nous savons bien que les caméra de surveillance ne sont pas là pour les personnes mais pour les biens. Toute personne qui a été bébé un jour sait que sa sécurité dépend avant tout d’un autre être humain

En Angleterre, le tissu urbain se parsème de dispositifs de vidéo surveillance, avec comme justification le fait qu’elles sont un facteur de réassurance. Une étude conduite par Dave Williams et Jobuda Ahmed a montré des résultats opposés .

Le protocole était le suivant : on a présenté a 120 participants un centre ville fictif dans lequel on pouvait voir un skinhead et ou une caméra de surveillance. Les participants étaient moins enclins à idre qu’ils se promèneraient dans ce centre ville lorsque qu’ils étaient confrontés à la combinaison skinhead et caméra de surveillance. En somme, la présence de caméra accroit la projection de préjugés sur les skinhead et provoque des réactions de peur.

Le bilan des caméra de surveillance quant à la réduction de la criminalité est plus mitigé. Malgré un grand effort d’équipement (plus de 4 millions d’unités)  elles n’ont pas eu de résultat probant en Angleterre. Au mieux, la criminalité se déplace des centres commerciaux vers les zones résidentielles.

Voilà donc un dispositif dont l’efficacité n’est pas probante, qui coûte des fortunes, et qui se développe de plus en plus.

 

L’étude : The relationship between antisocial stereotypes and public CCTV systems: exploring fear of crime in the modern surveillance society. Dave Williams & Jobuda Ahmed

vendredi 20 novembre 2009

100 expériences de psychologie pour mieux comprendre votre bébé

100 expériences de psychologie pour mieux comprendre votre bébé de Serge Cicoctti mérite le détour. Non pas parce que qu'il permet de mieux comprendre son bébé : la connaissance et la compréhension sont deux choses très diffrérentes. Il m"rite le détour parce qu'il regroupe toute une série d' expériences qui mettent bien en évidence les compétences précoces du bébé humain et sur le faisceau de relations qui sont nécessaires à sa bonne croissance.

Les expériences qui sont rapportées concernent surtout la période péri-natale. L'extraordinaire appétance du nourrisson pour l'autre et sa focalisation sur le visage humain (Bowlby en avait fait un organisateur du psychisme) se rencontre pratiquement à toutes les pages. On pourra y apprendre, ou le redécouvrir les capacités et de discirimation fine dont est capable le petit d'homme dès sa naissance.

On met souvent l'accent sur le fait que le bébé doive découvrir un tout nouveau monde à la naissance. Outre le fait que cela n'est pas tout à fait exact - il en a in utero une perception par l'audition, et kinesthésique via les mouvements qu'il ressent - cela laisse dans l'ombre le fait que les parents ont également à (re)découvrir le monde de leur bébé. Ils le font a partir des éléments donnés par leur culture, qui prescrivent les "bonnes" façons de s'occuper d'un enfant, et aussi à partir de leurs capacités à s'identifier à leur bébé. Les adultes font donc face à un inconnu (le bébé) qui leur est aussi familier. C'est, comme on dit, "leur" enfant, c'est a dire que c'est l'enfant qu'ils ont imagé, mais c'est aussi l'enfant qu'ils ont été, et même l'enfant qu'ils ont été pour leurs propres parents.

Pour aider à cette re-découverte, les adultes ont des capacités étonnantes. par exemple,  des mères reconnaissent leur nouveau né d’après une photo ou d’après l’odeur ; les pères reconnaissent leur enfant au toucher, dans la période sensible que constitue le post-partum.

Mais après tout, est ce si étonnant, si l'on garde à l'esprit que les parents avant tout de vieux bébés ?

mercredi 18 novembre 2009

2012

2012 est un film catastrophe qui met en scène la destruction méthodique de la planète. Le scénario est simple : une prédiction maya qui se réalise, comme toujours dans ce type de film.

Ces films se font de plus en plus fréquents. Depuis 1910, leur nombre n’a pas cessé d’augmenter avec un pic pendant la période 1971-1980. Ainsi, on a vu des extra-terrestres envahir notre planète, les météorites la détruire, un bateau rencontrer un iceberg ou une vague scélérate, ou encore une tour finir en flammes.

L’extension des films catastrophe n’est pas à mettre uniquement sur le compte des progrès techniques qui facilitent la mise en images. Ils témoignent également des extensions des insécurités individuelles et collectives devant des changements et les exigences qu’ils portent. Le cinéma, parce qu’il est un produit culturel, et parce qu’il manipule des images, est a une place parfaite pour capter ces insécurités. Ainsi, le pic de production de films catastrophe en 1971-1980 est aussi a comprendre comme une tentative d’aménagement des bouleversements sociaux de cette période et leur impact sur les psyché individuelles

Les salles de cinéma sont des dispositifs collectifs pour symboliser des situations collectives ou individuelles. Elles nous permettent d’abord d’éprouver en groupe, et de façon synchrone des émotions. Elles nous donnent des manières d’être et des manières de penser en proposant des modèles identificatoires. Cette symbolisation peut se faire par le biais de la narration ou par la mise en image.

Les images projetées sur les écrans de cinéma sont autant de point d’appuis potentiel pour penser les images internes, conscientes et inconscientes. En ce sens, le cinéma est un écran pour les pensées : il est le lieu ou des pensées sont re-présentées et peuvent donc être repensées.

Dans le vaste univers du cinéma, les films catastrophe ont une place à part.  La narration y est réduite a l’essentiel et ce qui est mis en avant, c’est la mise en images. La puissance évocatrice et métaphorique de celles-ci y est poussée à son comble. Le temps est celui de l’action, et répits ne sont qu’une façon de préparer le spectateur a une scène encore plus forte

Marcel et Patricia Thaon ont montré que ce genre de film mettait principalement en scène des angoisses archaïques portant sur la perte des limites et les défenses qui lui correspondent. Le cinéma, produit de groupe, a ainsi successivement mis en image les défenses maniaques avec les comédies musicales, les idéaux grandioses et les défenses paranoïdes avec les films à grand spectacle.

Ces défenses et ces angoisses ont été primitivement décrites par la psychanalyste Melanie Klein. Pour Melanie Klein, a ses étapes précoces de son développement, l’enfant est surtout occupé a des mécanismes de défense qui prennent très imparfaitement en compte la réalité. L’idéalisation attribue aux objets des qualités qu’ils s’ont loin d’avoir, avec comme retour immédiat pour le Moi de l’enfant la sensation d’être écrasé devant de tels objets. Le clivage les fait tantôt parfaitement “bon”, tantôt parfaitement “mauvais”. La projection tente d’installer a l’extérieur du psychisme de l’enfant tout ce qu’il ne peut pas penser dans l’immédiat. Ces mécanismes portent sur des objets imaginaires : fèces, pénis paternel, sein maternel… dont la vie est fantasmée comme se déroulant à l’intérieur de l’espace maternel. Avec le développement psychologique, et les bonnes actions de l’environnement, ces angoisses aigues trouvent à s’apaiser et l’enfant peut prendre de mieux en compte l’objet dans toutes ses qualités : il n’est pas tout “bon” ou “mauvais”, mais parfois l’un puis l’autre, et même parfois l’un et l’autre en même temps.

Ce sont ces même angoisses et défenses que l’on trouve avec les films catastrophe. La bande annonce de 2012 l’exemplifie parfaitement : Le Christ Rédempteur du Corcovado qui s’effondre; la peinture de la Chapelle Sixtine qui se lézarde, voilà dans le même moment convoquées des images parentales grandioses et leur destruction. Le message est clair : les instances tutélaires qui nous protégeaient sont détruites. Les parents apparaissent en majesté juste le temps de dire que les liens sont rompus : les bras du Christ du Corvocado tombent : ils ne soutiendront ni n’étreindront jamais personne; le Dieu de la chapelle Sixtine ne donnera jamais la vie au premier homme.

La disparition de ces représentations paternelles symboliques ouvrent à la plongée dans le monde maternel. Plus rien ne vient protéger les enfants et c’est d’ailleurs tout le propos du film : en 2012, que feront les gouvernements de la terre devant l’imminence de sa destruction ? Rien.

Une fois les représentations symboliques des parents disparues, les angoisses les plus profondes devant la mère archaïque  peuvent apparaitre : angoisse d’effondrement devant la terre qui s’ouvre; angoisse de morcellement devant ces immeubles qui partent en lambeaux; angoisses de persécutions devant cette faille qui semble poursuivre les héros; angoisse d’annihilation devant les menaces constantes sur la vie de tous et de chacun.

Autrement dit, la terre comme représentation maternelle perd sa fonction de soutènement; elle n’est plus un refuge, mais un danger ; elle n’est plus nourricière, mais destructrice. Elle ne nourrit plus des milliards de bouches, mais devient elle même des bouches qui engouffrent des villes entières. Ce n’est pas l’enfant qui est avide du sein ; c’est la mère qui est porteuse de ce désir.

Le mouvement projectif est également une reconnaissance à minima des dégâts provoqués par l’envie de l’enfant (spectateur). La terre (mère) est épuisée de l’industrie des hommes. Elle a trop donné, elle est devenue incapable de nourrir ses enfants. Il va donc falloir aller trouver son bonheur ailleurs. Il s’agit là de ce que Marcel et Patricia Thaon appellent une représentation dépressive de la perte du contenant maternel : le corps maternel a été percé et son intérieur est détruit. On trouve d’autres représentations de la destruction d’une enveloppe avec la focalisation sur le gondolement de la surface terrestre, le recouvrement de la terre par la mère ou encore l’impact des projectiles volcaniques. Toutes ces déformations sont des représentations de représentation de signifiants formels : une enveloppe se déforme, une bulle éclate.

La séquence donnée en introduction de ce texte donne une représentation du fantasme des parents combinés. Par ce fantasme, chacun se représente l’union sexuel des parents. parcours trajet de la longue limousine noire représente le pénis paternel se frayant un passage à l’intérieur du corps maternel. Il ne fuit pas devant des gouffres sans fond : il les produit. C’est un coït violent qui détruit l’intérieur maternel. Les secousses sismiques, les éruptions volcaniques, les raz-de-marée ne sont que les réactions de la mère devant l’intrusion du pénis paternel. Comme on on le retrouver dans certaine théories sexuelles infantiles, le pénis paternel est chargé d’enfants. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ici, ils sont terrifiés devant la puissance paternelle.

Dans ce chaos, le monde humain se divise en deux parties. La première est constituée par tous ceux qui sont voués à la destruction. La seconde est constituée par le héros et son groupe. Le clivage permet au spectateur de supporter la destruction du monde tout en en maintenant une partie qui en serait sauf. La partie détruite est porteuse de mouvements de haine et d’envie vis à vis de la mère et de ce qu’elle contient, tandis que la persévération d’un groupe constitue une zone dans laquelle ces mouvements sont absents. Ces mouvements sont pourtant à l’intérieur du groupe. Patricia et Marcel Thaon ont été les premiers a remarquer que le leader du groupe est souvent quelqu’un qui a des difficultés personnelles : il est a l’écart de sa famille, les choses ne se passent pas très bien dans sont travail, ou il est en peine de reconnaissance. Bref, c’est un boiteux qui fera ses preuves en traversant les catastrophes.

Peut être sortirons nous aussi transfiguré des salles de cinéma.

dimanche 15 novembre 2009

De la psychologie sur Youtube

On trouve de la psychologie sur TouTube mais il faut reconnaitre que l’on trouve beaucoup de vidéo qui ne rendent pas justice a la psychologie comme discipline. Aussi prendra soin de bien vérifier la source.

 

douglasInstitute Le Douglas Institute propose une série de vidéos intéressantes. Comme le logo le laisse clairement entendre, l’angle des cours est souvent “neuro”. Pour un français, il est très intéressant de voir comment la psychologie est enseignée au Québec et d’une manière générale, le vidéo sont de bonne qualité

 

Carrefour et médiation qui organise chaque année un colloque a commencé à mettre en ligne quelques vidéos.

Les anglophones auront la chance d’avoir accès aux vidéos anglaises sur Youtube Edu. Les quelques 600 vidéos traitent de sujets très divers.

 

A vos podcasts !

De la psychologie sur iTunes

 

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On trouve de la psychologie jusque dans iTunes. L’offre y est même pléthorique : entre La psychologie au quotidien de Cyril Malka et  l’émission de Radio Notre Dame en passant par le podcast de Neopodia on trouve vraiment de tout.

Je recommanderais tout particulièrement le podcast de la faculté de psychologie de Lyon 2

Dans le paysage de la psychologie française, Lyon a une place a part qui se confirme de plus en plus. C’est de l’université de Lyon que sont venue les théorisations qui ont le plus apporté a la la psychanalyse. René Kaës y a développé pendant des années une théorie psychanalytique des groupes. René Roussillon a travaillé sur des états très archaïques et a rapporté de ses voyages au travers de l’agonie psychique des merveilles : une théorisation de la symbolisation, le médium malléable. Voir donc les cours de René Roussillon diffusés gratuitement sur iTunes est vraiment une bonne nouvelle

Certes, le contenu y sera peut-être parfois un peu ardu que certains podcasts. Mais la psychologie clinique est une discipline complexe et les théorisations qu’on y fait ne sauraient toujours être simples. Plus l’offre du type de celle de l’université de Lyon sera abondante, moins l’on risquera d’être au contact de contenus farfelus

Les cours de M1 de René Roussillon sont disponibles ici : lien 

Les cours de M1 d’Alain Ferrant : lien

vendredi 13 novembre 2009

YouTube Edu et la psychologie

Tout le monde connait YouTube, le site de partage de vidéo. Celui ou l'on trouve les jolies images de chat, les clips de Michael Jackson ou les vidéos de ministres de la république française plaisantant sur les auvergnats ? YouTube, c'est 13 heures de vidéo uploadé chaque heure, c'est 412 années de vidéo, c'est un million de vidéo vues par jour, c'est... un léviathan


Le site vient de mettre en ligne une version académique : YouTude edu rassemble les grandes universités de plusieurs pays. On y trouve déjà quelques vidéos sur la psychologie faites par l'université de Berkeley. En cherchant un peu, on trouve aussi quelques vidéo sur la psychopathologie

Quand verra-t-on des vidéo éditées par les universités francophones ?

BenX

D'un coté le harcèlement, la violence, l'humiliation, les coups, le vol. De l'autre les aventures palpitantes, la belle Scarlite, la force et la puissance, le plaisir de jouer.

A coté, ou entre de ces deux mondes, il en existe un troisième, celui des rituels plus ou moins étranges qui entourent la vie de Ben. Chaque monde est comme un aspect de sa personne et il tente de faire communiquer les uns avec les autres. Maltraité par les autres élèves, il se réfugie dans un monde imaginaire, cherchant dans des scènes du MMO Archlord des manières de se conduire ou de réagir.  Bien évidement, cette façon de faire échoue. Elle échoue non pas parce que Ben/BenX ne prend pas suffisamment en compte la réalité : il n'est pas halluciné ou délirant. Elle échoue parce qu'il utilise des séquences d'Archlord comme des patchs.

BenX est un film de Nic Balthazar et est issu d'une longue maturation. Nic Balthazar entend une mère parler de son fils autiste qui se suicide après avoir été harcelé par d'autres enfants. Il s'en inspire pour en faire un roman : "Il ne disait rien du tout", puis une pièce de théatre, "Rien"  a partir de laquelle sera produite une présentation multimédia. Enfin, un court de sept minutes est réalisé. Ce long processus d'écriture est sans doute une des sources de la qualité du film.

On peut sans doute reprocher à BenX de se perdre un peu lorsqu'il aborde la question des MMOs. On retrouve en effet le poncif selon lequelque les MMO qui seraient un monde d'adolescents  alors que l'on sait que la moyenne d'age dans ce type de jeux tourne autour de la trentaine. Ce n'est pas trop grave si l'on considère que le coeur du film tourne autour du harcèlement et de l'autisme.

Les conséquences déja gravissismes du harcelement sont encore augmentées par les "nouvelles" technologies de l'information et de la  communication. En effet, via Internet ou le téléphone cellulaire, ou les deux, il devient possible d'atteindre la victime ou qu'elle se trouve. L'impossibilité de se mettre à l'abris aggrave le sentiment d'insécurité. Coté harceleur, les inhibitions cédent puisqu'il n'est pas au contact de la victime et qu'ils peut agir anonymement. L'autisme est sans doute ici à comprendre comme une métaphore de la différence, car il est des conduites de Ben qui sont impensables pour une personne autiste. Mais, s'agissant d'un film de fiction, cela devient plus une qualité qu'un défaut.

jeudi 12 novembre 2009

Santé disciplinaire

Sans doute avez-vous remarqué ? Il n'est plus possible d'éternuer dans un espace public sans s'attirer les regards suspicieux et réprobateur des autres. L'ombre de H1N1 alias grippe porcine alias grippe A plane sur tout signe respiratoire. Un toussotement, un éternuement et vous voila suspect et bien rapidement coupable. On sent a quel point la grande pandémie de grippe espagnole de 1919 pèse sur les imaginaires.

Michel Foucault à montré dans Surveiller et Punir comment des maladies ont servi de cadrage a la mise en place des systèmes disciplinaires. Ceux-ci sont profondément insérés dans nos sociétés et on les retrouve jusque dans nos architectures avec la division des espaces de soins en pavillons. Devant les deux grandes maladies du Moyen Age, la lèpre et la peste, les autorités ont mis en place des disciplines. Celles ci visaient à répartir les individus dans l'espace  et a localiser chaque individu. Les  deux principes correspondant sont la clôture et le quadrillage.

Les grandes maladies du Moyen-Age, la grippe et la peste, ont conduit à la mise en place de dispositifs très différents. A la peste a correspondu l'ordre. Lorsque la peste se déclarait dans une ville, celle ci était isolée et tout foyer infecté devait se déclarer. Au désordre de la peste a correspondu la mise en place d'un ordre médical et politique strict. Les dispositifs répondant a la lèpre ont été différents. Les lépreux étaient enfermés en dehors de la ville. Ces dispositifs sanitaires portent des rêves politiques. A l'exil des lépreux enfermés en dehors de la communauté humaine correspond le rêve de la communauté pure. Au quadrillage de la peste correspond le rêve de d'une communauté disciplinée. Rien ne doit échapper au regard du Prince en temps de peste : des registres sont tenus, les familles sont comptées, les vivants et les morts inscrits sur des registres...

Ainsi, à la peste correspond l'ordre, le désir de différenciation le plus fin possible : à chacun sa place à chacun sa maladie, à chacun son bien, à chacun sa mort, le tout par l'effet d'un pouvoir omniprésent et omniscient.  La discipline nécessite la multiplication des surveillances, l'intensification et la ramification des pouvoirs jusque dans les foyers. La peste nécessite pour le Prince un "Grand dressement". La peste appelle le rêve utopique d'une ville parfaitement gouvernée. Elle est au fond de tous les schéma disciplinaires. La lèpre appelé le rejet, l'exil, la clôture, le retour au magma, à l'indifférencié. Elle nécessite un "Grand renfermement". Les disciplines de la lèpre sont au fond de tous les schémas d'exclusion

Même si ces projets n'ont jamais été parfaitement et totalement mis en place, ils en informent pas moins profondément nos sociétés et nos psychologie. Les schémas disciplinaires n'ont pas fait que modifier l'architecture de nos bâtiments publics ; ils organisent également nos modes de pensée et forment de nouvelles individualités. Le pouvoir a eu de moins en moins à faire usage de sa force puisque les individus l'intériorisaient de plus en plus.

C'est là sans doute un "progrès" de la culture : la violence des pouvoirs est devenue silencieuse. Avant, elle se donnait a voir sur la place de Grève. Elle se voulait exemplaire. Aujourd'hui, nous portons en nous nos Damien, nos places de Grève et nos bourreaux. Hier, le crime était le régicide. Aujourd’hui, il est d’être malade. Je ne suis pas sûr que cela soit un progrès.

samedi 7 novembre 2009

La psychologie des pokemons

Sacha a pour désir de devenir le meilleur dresseur de pokemons. Il parcours le monde afin d’améliorer sa technique, mais également pour parfaire sa connaissance des pokemons. Il est mandaté par le Professeur Chen qui lui a demandé de compléter le pokedex

Sacha est en rivalité avec Régis, petit fils du professeur Chen, et avec la Team Rocket. Sacha et Régis ont les même objectifs : compléter le pokedex, tandis que les objectifs de la Team Rocket sont criminels. Tout a long de l’hiso

L’anime a assez lissé les aspérités du manga. Dans la version papier, Sacha est un enfant tête brûlée et vaniteux, les combats peuvent conduire à la mort des pokemons qui évolue peu à peu après une cuisante défaite contre le pokemon Mew. C’est cette défaite qui le conduit à rencontrer le professeur Chen et qui dont le conduit à ce voyage initiatique. La symbolique des couleurs des différents cycles souligne le coté initiatique des aventures de Sacha puisque l’on passe du rouge au bleu en passant par le vert.

 

Traumatisme et épreuve

La défaite contre Mew a donc eu des effets favorables sur le développement du jeune homme. La vanité cède peu à peu à une meilleure perception du monde. Sacha reconnait au professeur Chen une supériorité et surtout il montre un intérêt pour le savoir. C’est cela qui permet de faire la différence entre un traumatisme et une épreuve. Un traumatisme brise durablement ou définitivement des capacités psychiques. Cela peut être une capacité à éprouver une ou plusieurs émotions, à se sentier vivant et en cohésion, à pouvoir être en lien avec les autres ou au contraire à vivre dans la solitude. Une épreuve est une situation difficile dont on sort victorieux ou grandi. En aucun cas elle ne diminue l’individu qui la traverse.

 

Sacha vs Régis

Sacha est un être instinctuel. Il a une connaissance intuitive de ses pokemons et il s’appuie sur les liens indéfectibles qu’il sait construire avec eux pour les pousser au-delà de leurs limites. Ce lien affectif lui permet également de comprendre quand un pokemon est trop épuisé pour poursuivre le combat. C’est donc l’identification de Sacha à ses pokemons qui est la clé de leur relation.

Régis est plus âgé que Sacha. Il se base plus sur la connaissance qu’il a des pokemon pour diriger les combats. Cette prévalence donnée aus avoir est  peut-être un trait qu’il a hérité de son grand-père. Sacha est un stratège, il voit sur le long terme, tandis que Sacha est un tacticien, il fait avec ce qu’il a, et utilise immédiatement les relations dont il dispose

 

La relation au pokemon

La relation du dresseur à ses pokemons ne peut qu’être intéressante pour un enfant qui est encore dans un lien de dépendance à des créatures aussi puissantes que des parents. Quel que soit le tact de ces derniers, l’éducattion est toujours une épreuve, et parfois, hélas, il y a des moments qui peuvent être traumatiques.

L’enfant doit peu à peu mettre en arrière de son fonctionnement psychique les fantasmes par lesquels il se rendait maitre de toutes les situations et investir son environnement afin de pouvoir l’utiliser du mieux possible. De nouveaux pouvoirs lui apportent de nouvelles responsabilités, et donc de nouvelles exigences de travail psychique. Ilpeut se déplacer par ses propres moyens mais doit assurer sa propre orientation dans le monde; sa force musculaire doit être contrôlée afin de ne pas casser les objets qu’il manipule; il ne peut posséder ni se rendre maitre de tout.

Les pokemons donnent à voir une solution aux problèmes que rencontrent les enfants au cours de leur éducation en séparant d’un coté les monde des pulsions et de l’autre celui de la rationalité. On aura deviné que le pulsions sont représentées par les pokemon et que la raison est représentée par le dresseur. Cela pourrait être qu’une vision manichéenne du monde, soutenue par un mécanisme psychologique que l’on appelle le clivage : d’un coté le “bon” et de l’autre le “mauvais” mais on a vu que le monde de la raison est lui même soumis aux épreuves et aux traumatimes.

Avec les pokemons, l’enfant s’identifie tour à tour aux deux pôles de la relation. Il est tantôt le pokemon obéissant aux ordres de son dresseur, tantôt le dresseur dirigeant le pokemon. Autrement dit, il est tantôt l’enfant obéissant aux exigences parentales et les satisfaisant; et tantôt le parent soumettant l’enfant a des exigences éducatives. Ce va et vient dans les identifications lui permet d’explorer les deux versants de la relation

 

Pokemon et image du corps

La relation au pokemon recouvre également d’autres niveaux de fonctionnement psychique. Le pokemon, avec ses formes étranges, et son langage archaïque est une image régressée de l’enfant. L’infans comme le pokemon ne disposent comme moyen de communication avec leur environnement que le langage corporel et les mimiques. Le pokemon est même un peu en avance par rapport a un enfant sans langage parce ce qu’il sait dire son nom et comprend parfaitement les paroles qui lui est adressé !

Chaque pokemon, par sa forme et par ses pouvoirs représente une image du corps. Par sa forme et par ses pouvoirs, il correspond aux deux fonctions de l’image du corps telles que la définit Gisela Pankow. Un pokemon est une forme  animale, végétale, minérale ou liquide et il est un pouvoir. Dans le premier cas, il est une structure spatiale, une gestalt; dans le second il fonctionne comme “contenu et sens”. Comme gestalt, le pokemon donne un cadre ou contenir des pensées et des affects. Dans le meilleur des cas, ce cadre fonctionne de façon transformationnelle. Il permet à l’enfant d’intégrer peu à peu ce qu’il y a déposé et finalement à penser ses pensées. L’enfant pourra alors s’imaginer comme tel pokemon, parce que la forme du pokemon donne une image a une difficulté qu’il rencontre : il sera dur comme Racaillou, ou vif comme Pikachu Lorsque c’est le contenu qui est préférentiellement investi, le pouvoir souligne quelque chose qui est important pour l’enfant. Pouvoir enserrer de lianes qui sont comme autant de bras dira le désir d’être porté, ou l’angoisse que suscite le fait d’être trop près de l’autre. La symbolique des éléments joue a plein : le feu, la glace, l’eau sont utilisés pour dire la qualité des relations, leurs transformations possibles ou encore des éprouvés corporels.

Enfin, le pokemon, par ses évolutions, est un bon représentant de la situation de l’enfance. Il annonce que les changements que l’enfant vit continuellement de par sa croissance physique et psychique ne sont pas catastrophiques : on peut changer de forme et rester soi.

La multitude des pokemon fait que chaque enfant trouve toujours un pokemon qui corresponde a sa fantaisie ou à sa problématique personnelle ; leur ordonnancement en différentes catégories (pokemon feu, air, terre etc.) l’initie à des mode de pensée plus organisée. Ainsi, un Bulbizarre avec sa graine sur le dos peut servir de point d’appuis a des fantasmes d’auto-suffisance (il a tout ce dont il a besoin sur le dos)  d’auto-engendrement (il est issu de la graine qu’il porte) ou encore à des questions sur ce dont on hérite des parents. Ses tentacules pourront être comme des bras qui se distendent pour rester en lien avec une personne aimée. La flamme d’un Salameche portera des questionnements liés à la sexualité ou à l’élan vital que chacun porte en soi.

 

Pokéball

La pokeball, qui permet de capturer les pokemons sauvages et qui donne aux pokemons apprivoisés un refuge ou se restaure, est d’évidence une image du bonheur utérin. Mais elle peut aussi se révéler le lieu d’angoisses claustrophobiques : Pikachu refuse une fois de rentrer dans la pokéball ce qui permet à Sacha de découvrir que tous les pokemon n’aiment pas leur pokeball

La pokeball est aussi l’image d’un contenant ou les pulsions les plus sauvages, représentées par le pokemon, sont contenues. Elles peuvent être mises en jeu à la demande, et sont donc pour l’enfant la promesse d’une plus grande maitrise de ses propres pulsions.

 

Le pokémon double de l’enfant

La plus grande peur d’un pokemon est d’être abandonné par son dresseur. Cela en fait un bon double de l’enfant qui craint toujours que le lien avec ses parent ne soit rompu comme en témoigne de nombreux contes populaires. D’une certaine manière, l’histoire des pokemon joue le même rôle que Le petit poucet des enfants d’antan : elle donne des images pour penser son immaturité et la relation, toujours conflictuelle et source de souffrance, monde des adultes. Plus récemment, la relation de Tintin à Milou a pu jouer le même rôle

 

 

Les pokemon aident l’enfant à penser ses propres pensées mais…

Il faut garder présent à l’esprit que si les pokemons, dans la version papier ou dessin animé, peuvent être support de pensée pour l’enfant, c’est toujours à la condition qu’il puisse partager avec un autre, qui joue pour lui le rôle d’idéal, ce qu’il a vu et éprouvé en le regardant.

 

Lire ailleurs

Sur le sujet, on pourra lire le point de vue de Serge Tisseron (Nov. 2000) ou le Psychanalyse des dessins animés de G. Djenati qui a malheurement quelque réticences vis a vis de Pokemon pour de Dragon Ball Z.

vendredi 6 novembre 2009

Les compétences précoces du nourrisson

Lorsqu'en 1948, Melanie Klein publie La psychanalyse des enfants, le livre fait l'effet d'un électrochoc dans la communauté des psychanalystes. Certes, une approche psychanalytique avait été faite par les analystes. Freud lui même avait eu à s'occuper d'un enfant, le petit Hans, mais il n'avait pas pris l'enfant directement en traitement et s'était contenté d'un sorte de supervison du père. Ferenczi avait livré des observations d'enfants à la fois pleines de vie et de [x] Hug Hellmuth s'était essayée au traitement psychanalytique des enfants, et Anna Freud, la fille de Sigmund Freud, préconisait une sorte d'éducation psychanalytique. Melanie Klein tranche en proposant un traitement psychanalytique et développe une théorie dans laquelle l'enfance est un monde de fantasmes, de désirs, de pensées et de fantasmes inconscients. N'était ce pas là exagérer ?

On doit aux psychanalystes d'enfants d'avoir participé à construction de la prise de conscience que le bébé est une personne. Ils ont montré que de façon précocissisme les bébés ont une vie psychique qui est en écho avec les événements de la famille. Cependant, bien que certains ont pu reproché aux psychanalystes de trop prêter aux bébés, les données les plus actuelles montrent qu'il ont sous estimé les compétences du nourrisson à être en lien et à penser !

Les bébés ont spontanément tendance à introduire de l'ordre dans le monde en recherchant des invariants. Cela leur permet de réaliser une tache importante, qui est d'identifier ce qui est spécifique de leur soi de ce qui est spécifique d'un autre soi. Cela a été montré à l'aide de plusieurs expériences

Par exemple, on a équipé le lit de nourrisson de mobiles. Un  cordon est attaché au pied du bébé de façon à ce que le mobile bouge lorsque le bébé bouge la jambe. En quelques jours, les nourrissons apprennent a faire bouger le mobile. Ils sont ensuite placés dans le même lit d'enfant, mais sans cordon. Les nourrissons tentent de faire bouger le mobile en bougeant la jambe. Si le mobile ou le lit est différent, les mouvements de la jambe sont moins fréquents.

Autre expérience, qui ne porte plus sur les capacités mnésiques des enfants mais sur leur besoin de vivre un monde cohérant et unifié : des enfants de 4 mois identifient et préfèrent regarder un films synchronisé avec sa bande son. Ou encore : on projette a des enfants de cinq mois une voiture qui s'éloigne et une voiture qui s'approche. Les enfants regardent la voiture qui s'éloigne lorsqu'on leur fait entendre un son qui diminue d'intensité, et la voiture qui s'approche lorsque l'on leur fait entendre une son qui augmente d'intensité.

Encore une autre ? Des expérimentateurs jouent à "coucou" avec des enfants de six a sept mois. Une semaine après on leur montre une marionnette qui joue à "coucou" en apparaissant et disparaissant. A la vue de la marionnette, les enfants sourient. Cette réaction est un signe du rappel sur indice car la seule vue de la marionnette immobile  et silencieuse après qu'elle ait joué à "coucou" les fait sourire.

On pourrait encore multiplier les exemples pendant longtemps : les enfants sont dès leur naissance plongés dans un monde de relations. Et dès leur naissance, ils ont des capacités à penser le monde et ce qu'ils vivent de façon. Ces capacités sont "précablées". Elles font que les bébés préfèrent les stimulis humains à tout autres. Mais elles sont ensuite renforcées ou inhibées par la famille, la culture, et le mouvement de ce que l'on appelle une vie.

Une dernière ? On a montré que dans une paire de soeurs siamoises, chaque enfant faisait clairement la distinction entre son corps et celui de sa sœur