dimanche 30 mai 2010

Un psychologue n’est pas un psychothérapeute par défaut

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Trois syndicats de psychologues réagissent au décret d’application de la loi régissant le titre de psychologues deux jours après que des psychologues aient commencé à s’organiser sur Facebook.

Le SNP, le SIUEERPP et la FFPP déplorent que la loi prévoie que les psychologues aient à se former au métier de psychologue

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Il est en effet prévu que les psychologues fassent une formation de 150 heures et un stage de deux mois pour pouvoir exercer comme psychothérapeute. Les syndicats voudraient que les psychologues soient dispensés de cette mesure, arguant du fait que les psychologues cliniciens sont déjà formés à la connaissance des processus psychiques, au discernement des pathologies psychiatriques, aux théories psychopathologiques, et aux principales approches utilisées en psychothérapie.

Cela tient au fait que la psychologie clinique en France a été développée par Daniel Lagache et  Juliette Favez-Boutonnier, médecins, psychanalystes et philosophes. Ils ont fondé la psychologie clinique sur un fond profondément humaniste et nous leur en sommes redevables. Nous leur devons aussi l’ambigüité psychologue – psychothérapeute qui prend sa source dans la notion de la relation d’aide. Un bilan psychologique peut être une aide car il donne au sujet de nouveaux moyens pour se représenter sa situation. Mais il ne sera pas thérapeutique, et ce n’est d’ailleurs pas sa fonction.

Rappelons ce que tout dictionnaire nous enseigne : un psychologue est un spécialiste de la psychologie; c’est aussi quelqu’un qui discerne et comprend intuitivement les sentiments et mobiles d’autrui. Un psychothérapeute est un spécialiste de la psychothérapie. Or, au terme de cinq années d’études, j’ai été diplomé, comme des milliers d’autres, en psychologie et non en psychothérapie. Ma formation de psychothérapeute, je l’ai accomplie en plus de mes études de psychologie : par des formations a des techniques psychothérapeutique, des colloques, des groupes de travail, et des supervisions *

Ces formations ont largement dépassé les 150 heures et les deux mois de stage. Elles ont été profondément impliquantes, et ont eu, pour certains points, des effets de remaniement psychique. Ce travail n’aurait jamais pu se faire dans le cadre ma formation de psychologue simplement parce que celle ci est liée a à une évaluation universitaire. La formation de psychologue implique des choses à savoir. La formation de psychothérapeute implique des choses à découvrir.

Un psychologue n’est pas un psychothérapeute par défaut. La loi qui vient d’être votée est sans doute imparfaite : les volumes horaires sont insuffisants, les médecins et les psychologues n’ont pas à être exemptés de formation, les formateurs sont encore non désignés, mais on peut espérer qu’elle permettra a terme de faire passer les distinctions entre médecin, psychologue, et psychothérapeute

 

* une supervision est l’assistance que donne un psychothérapeute a un autre psychothérapeute, généralement moins expérimenté, pour la conduite d’une ou de plusieurs de ses psychothérapies.

6 commentaires:

  1. Bonjour,
    je suis médecin généraliste et je confesse mon ignorance : je pensais qu'un psychologue clinicien était forcément psychothérapeute (selon une(des) méthode(s) choisie par lui).
    Par ailleurs, la profession de "psychothérapeute" n'était pas franchement réglementée et n'importe qui pouvait poser sa plaque et se dire "dans la relation d'aide" sans formation très validée.
    Ce décret n'espère t'il pas améliorer le "niveau" général de ceux qui se disent psychothérapeute sans diplôme de psychologue ?
    J'avoue ne pas saisir le problème.
    Merci de m'éclairer et bonne continuation.
    Doclili

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  2. En effet, beaucoup de gens ne font pas la destinction entre psychologue et psychothérapeute et encore psychanalyste ^^

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  3. @dodlili le décret a des intentions que l'on ne peut que saluer. Mais cela n'empêchera pas les charlots de s'appeler psychopraticiens, conseiller ou que sais-je encore puisque ce n'est pas la pratique qui est réglementée par le titre.

    Le problème réside dans la confusion maintenue entre psychologue et psychothérapeute et le volume de formation insuffisant.

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  4. Le psychologue traite des personnes souffrant de troubles psychologiques. Une des techniques généralement utilisées par le psychologue repose sur l’approche psychanalytique. Contrairement au psychothérapeute qui porte son objet sur la (vraie) cause des maux, le psychologue ne traite que les symptômes du problème et travaille en étroite colla-boration avec les psychiatres et les autres médecins.
    Cela explique pourquoi, dans certains cas, les traitements en psychologie classique requièrent beaucoup plus de séances et d'années que dans le cadre d’une vraie psychothérapie.
    Un psychologue n'est pas un psychothérapeute
    (Corps du texte repris du site du Collège de Psychothérapie du Québec, à Montréal :http://www.cpmdq.com/htm/Q4FAQ psy cho.htm).

    En marge avec la levée de bouclier des psychologues français suite à la publication du décret d’application de la loi régissant l’accès au titre de psychothérapeute, le combat mené est tronqué d’avance car un psychologue n’est donc pas un psychothérapeute par défaut, tout comme le médecin et même le psychiatre.

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  5. un psychologue est un spécialiste de la psychologie; c’est aussi quelqu’un qui discerne et comprend intuitivement les sentiments et mobiles d’autrui.
    Intuitivement ???
    Le psychologue est un peu médium ?
    Non, rien d'intuitif pour devenir psychologue ! 5 années de cours théoriques. Des stages. Mais à aucun moment le côté "intuitif" n'est validé par la fac ! Ce n'est donc pas du tout un pré-requis pour devenir psychologue.
    Après, il y a les bons et les mauvais. Au patient de s'y retrouver.

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  6. Ce sont les définitions du dictionnaire, anonyme : dans la langue, quelqu'un qui est intuitif est dit "psychologue"

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