lundi 24 janvier 2011

Moodscope, un anti-dépresseur ?

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Vu chez Henri Kauffman, un service dédié à la dépression. L’idée de Moodscope est de garder une trace de son humeur en répondant quotidiennement à une vingtaine de questions venant du questionnaire PANAS-X (Positive Affect Negative Affect Schedule) et de la partager, si on le désir avec les membres de son réseau Moodscope.

Selon Moodscope, le service est  aussi nécessaire que se brosser les dents ou faire sa toilette le matin. J’en doute fortement. En tous cas elle est dans la lignée du mouvement du “Quantified Self”. Selon les tenants de ce mouvement, le Self peut être exploré à l’aide de mesures régulières et précises. Les données recueillies (géométriques, biométriques, psychologiques….) permettraient à chacun d’avoir un meilleure connaissance de soi.

Moodscope serait inspiré de l’effet Hawthorne c’est à dire du fait qu’un comportement est modifié par le simple fait qu’il soit observé.

La grande question est : est-ce que cela marche ? Bien sûr, on trouve sur le site des témoignages élogieux. Mais le service apporte quelques remarques.

Moodscope est basé sur l’idée que l’humeur est liée à des évènements externes : une dispute avec son conjoint ou une partie de cartes avec ses amis provoquent des variations qui pourraient être mesurées. Or, il est des types de dépressions dont il est très difficile de donner des causes externes. On les appelle les dépression endogènes parce qu’elles sont déclenchées par des éléments internes qui n’ont qu’un rapport lointain avec la réalité externe.

Ensuite, la dépression n’est pas un comportement. Elle ne peut pas être modifiée par l’effet Hawthorne. C’est un phénomène extrêmement complexe qui mélange des lignées génétiques, environnementales, et psychologiques.

Troisièmement, ce type de dispositif peut entrainer des ruminations qui vont prolonger l’état dépressif. Swinkels et Giuliano (1995) ont montré que l’évaluation constante de l’humeur peur servir aussi bien des stratégies de régulations que des enfermements

 

pdf-file-logo-icon (1)Swinkels, A., & Giuliano, T. A. (1995). The measurement and conceptualization of mood awareness: Attention directed towards one's mood states. Personality and Social Psychology Bulletin, 21, 934-949.

vendredi 21 janvier 2011

Psychopathologie et handicap chez l’enfant et l’adolescent

Psychopathologie et handicapLes 4,5 et 6 novembre à Lyon au Palais des congrès l’APPEA organise des journées d’étude sur le thème “Psychopathologie et handicap chez l’enfant et l’adolescent"

La notion de “handicap psychique” entérinée en France par la loi du 11 février 2005, le handicap est devenu “psychique”.  Les journées d’étude s’attacheront à conceptualiser la notion de handicap en articulant les champs sociaux, législatifs, économiques et psychopathologiques.

mercredi 19 janvier 2011

Le meurtre, une activité sociale comme les autres

Les meurtriers sont des personnes anti-sociales. Leurs actions mettent à mal les liens sociaux et le traitement qui leur est réservée est précisément à l’image du dommage qu’ils ont causé à la société. Emprisonnés, ils voient leurs contacts sociaux réduits au minimun.

Une étude de Andrew Papachristos publiée dans le American Journal of Sociology montre exactement le contraire.  Andrew Papachristos a étudié des gangs de Chicago pendant trois ans. Il a montré que les interactions de ces gangs fonctionnent sur le mode de la réciprocité du don et du contre-don. Un groupe risque de perdre son statut social s’il ne rend pas le “don” qui lui a été fait.

Dans ce contexte, le meurtre ne serait pas déterminé par des variables économiques, psychologiques ou sociales. Il aurait sa dynamique propre. A l’intérieur des réseaux criminels, le meurtre se répandrait comme une épidémie et les gangs évalueraient quelle actions aurait la plus grande visibilité au seins de leur réseau social

 

pdf-file-logo-icon (1)Murder by structure: dominance relations and the social structure of gang homicide. Papachristos AV. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19852186

mardi 18 janvier 2011

La psychologie des prénoms

100 petites expériences de psychologie des prénoms pour mieuL’idée selon laquelle le prénom reflète la personnalité de celui-qui le porte banale. Les parents en sont d’ailleurs pleinement conscient puisque la majorité d’entre eux prennent soin des évocations liées au prénom qu’ils vont donner à leur enfant. Par exemple, certains voudront éviter une consonance étrangère, d’autres choisiront précisément un prénom pour son origine.  étrangère. Les données sur les pré-conceptions et les stéréotypes des prénoms sont si nombreuses que Nicolas Guéguen a pu rassembler cent d’entre elles dans Psychologie des prénoms. 100 expériences de psychologie pour comprendre comment ils influencent notre vie pour donner un tour d’horizon complet sur la question. Des études on ainsi pu montrer qu’il existe un lien entre l’estime de soi et l’écho positif d’un prénom dans la société.  Françoise Dolto qui faisait du prénom le représentant du narcissisme primaire du nourrisson serait heureuse de lire que le prénom fait partie des mots distingués dès le quatrième mois de vie. 

Le Monde de l’enfance a consacré un article sur le sujet dans lequel on retrouve Nicolas Géguen mais aussi chercheurs qui ont travaillé sur le prénom

lundi 17 janvier 2011

Nouvelles approches diagnostiques et thérapeutiques du trouble du langage oral

Colloque LillePrenez date : le jeudi 31  mars 2011  à Lille se tiendra un colloque sur les "Nouvelles Approches Diagnostiques et Thérapeutiques des Troubles du Langage Oral”

Vous trouverez en lien le programme de la journée, les horaires, le lieu et les démarches d’inscription

lundi 3 janvier 2011

Affectiva, machine à reconnaitre les émotions

Emotions

De tous les objets, le visage est celui qui reçoit le plus d’attention. Il est discriminé dès la naissance par le nourrisson humain de tous les autres objets qui l’entourent. C’est aussi celui qui contient le plus d’informations. Le visage exprime les émotions, et il est généralement facile de décoder à partir de signes simple. La commissure des lèvre qui remonte exprime le plaisir, une face empourprée signale l’embarras, des sourcils froncés la colère etc.

Il existe déjà des dispositifs capables d’interpréter les signes vitaux à partir de l’image d’un visage capté par une webcam. Ming-zher Poh, un étudiant du MIT a mis au point une caméra qui lit le rythme cardiaque sur les visages.

Toujours au MIT, une équipe de chercheurs a fait le pas suivant. Il ne s’agit plus de chercher des variables physiologiques mais d’en donner une interprétation psychologique. Affectiva fait ce que nous faisons quotidiennement : le dispositif scrute les visages, discrimine les informations pertinentes, et en donne une interprétation en terme d’émotions. L’intelligence artificielle est formée d’une webcam qui capte l’information et d’un programme qui produit l’interprétation en traduisant l’image en une série de données physiologiques.

Le programme pourrait servir de la même façon que les pictogrammes. Les pictogrammes sont de petites images qui expriment une émotion, une situation, ou qui représentent un objet de la vie quotidienne. Ils sont parfois utilisés comme médiateurs avec des personnes présentant un trouble autistique. Selon les chercheurs,  leur programme pourrait être utilisé de manière comparable. Affectiva  pourrait servir de prothèse cognitive en indiquant à la personne l’humeur dans laquelle se trouvent ses interlocuteurs

Les chercheurs imaginent aussi des applications plus industrielles. Affectiva pourrait être utilisé lors des screening tests des studios de cinéma. Le dispositif pourrait suivre scène par scène les émotions des spectateurs et aiderait le réalisateur ou la production à . Si l’on est optimiste, on peut se dire que des dispositifs de ce type pourraient aider à la création en donnant un outil pour “sculpter” les émotions. Mais on peut aussi se dire que l’on aurait là un outils de formatage d’une belle efficacité.

On peut aussi imaginer des utilisations dans le cadre de la surveillance. Le cinéma nous a rendu familiers avec le détecteur de mensonges utilisés par les enquêteurs américains et l’on imagine assez facilement que Affectiva pourrait être utilisé dans un tel cadre.

 

Donner à voir l’invisible est un rêve qui hante l’imagerie scientifique. La finesse des images obtenue par les techniques de l’image est aujourd’hui souvent impressionnante. On ne se lasse d’admirer la beauté d’images  de cerveaux de personnes en méditation, en train de rêver ou en train de penser à quelque action. On en oublie presque quelques détails. Le premier est que l’on ne sait pas ce que l’on voit . De la même façon que l’image d’une pipe n’est pas une pipe, l’image d’une émotion ou d’une pensée n’est pas l’émotion ou la pensée en question. L’illusion consiste à réduire l’intériorité à une succession de variables physiologiques : la joie, la colère, la surprise sont réductibles à la pression artérielle, au rythme cardiaque ou à l’impédance de la peau. Enfin, la dernière illusion est celle de toute image : elle consiste a nous faire confondre le visuel avec le vrai, le vrai avec le beau, et finalement le beau avec le bien.

 

Pour aller plus loin : Emotion research by the people, for the people

Crédit photo : Emotions par Roger Smith