vendredi 30 novembre 2012

Espace de jeux pour les enfants : attention Danger !

Chaque jour, des millions d’enfants entrent dans des espaces dans lesquels la réalité est comme suspendu. Ces enfants vivent des situations qui risquent de perturber leur développement.

Dans ces espaces, les enfants vivent des sensations fortes qu’ils auraient du mal à éprouver par ailleurs. Ces espace sont même généralement conçus pour provoquer ces émotions !  Les hauteurs et les glissades provoquent de délicieuses sensations de vertige auxquelles les enfants risquent malheureusement de s’habituer

La seconde difficulté de ces espaces est au moins aussi pernicieuse. Les actions des enfants  n’y ont pas les même conséquence qu’elle peuvent avoir ailleurs. Ces espaces sont des espaces hors réalité. Les enfants peuvent faire des sauts extraordinaires. Ils sont encouragés à jouer des rôles. Ils risquent ainsi de développer une fausse perception de la réalité,  de leurs compétences et de ce qu’ils sont en réalité

Le thème de ces espaces est également problématiques. Certains font la promotion de la violence et de l’agressivité en encourageant les enfants à se mettre dans le peau de pirates ou de pilotes d’aéronefs de guerre. D’autres sont des prédispositions a des rêveries schizoides : on y trouve les champignons étranges d’Alice au pays des merveilles, les enfants chevauchent des hippocampes ou sont entourés de créatures directement sorties de contes de fées.

Pour toutes ces raisons, il serait souhaitable de réévaluer le design des espaces de jeu réservés aux enfants et de réguler leurs accès.

mercredi 21 novembre 2012

Ciel! Mon enfant est tombé amoureux sur Internet

Romeo Facebook

Ca devait bien arriver un jour. A force de passer de plus en plus de temps sur Internet à chatter, Petit Poucet a fini par tomber amoureux d’un inconnu dans le cyberespace. Il ne faut pas vraiment s’en étonner. Les premiers digiborigènes ont connu de telles histoires d’amour. Mais ce qui peut tirer quelques sourires lorsqu’il s’agit d’adultes prend une coloration différente lorsqu’il s’agit d’adolescents. Faut-il s’inquiéter ? Quels sont les indicateurs à surveiller ? Qu’en penser ?

L’amour en ligne : chercher l’amour parfait plutôt que construire une relation amoureuse.

Les communications en ligne sont souvent soutenues par une idéalisation d’autant plus importante qu’elle n’est pas tempérée par l’épreuve de la réalité. En effet, il devient plus facile de sélectionner et d’investir préférentiellement des éléments qui renforcent les aspects positifs de la relation et qui délaissent les aspects négatifs. Des mécanismes comme la dissociation et le clivage peuvent maintenir la relation hors de toute réalité. La relation est alors façonnée pratiquement uniquement par les projections imaginaire. Enfin, le cyberespace permet de travailler sur les représentations de soi que l’on souhaite donner. C’est donc un espace ou il est possible de (re)trouver des gratifications narcissiques.

Pour ces raisons, l’Internet est un espace séduisant pour les jeux de la séduction. Les questions que les adolescents se posent autour de leur capacité à séduire, des relations sexuelles, et du corps, les conduit par ailleurs a utiliser le réseau comme terrain d’exercice.

Une façon de réduire les effets de clivage et de l’idéalisation est de rencontrer la personne dans l’espace géographique. Le désir de rencontrer “en vrai” l’autre personne n’est donc pas à combattre mais à encadrer. Les  parents veilleront à ce que cette rencontre se fasse de façon graduée et de manière satisfaisante. Cela peut se faire en prenant contact avec l’autre adolescent et sa famille, puis en accompagnant son enfant à une première rencontre. Il ne faut pas craindre d’interdire tout contact si quelque chose pose problème.

Parent d’un digborigène

Par ces temps ou l’on transforme n’importe quelle passion en addiction, peut-être faut-il rappeler qu’être amoureux n’est pas une maladie. C’est généralement plus une bonne nouvelle qu’un motif d’inquiétude. Les parents peuvent donc se réjouir de voir apparaitre chez leurs enfants un sentiment si humain

Etre parent d’un enfant qui est dans le cyberespace, c’est avant tout être parent. La parentalité est triple. Elle est un exercice de droits mis au service du développement de l’enfant. Elle est une expérience. Elle est une pratique. En effet, les parents veillent à ce que l’enfant ne vive pas des situation qui excède ses capacités d’élaboration. Ils échangent sur les expériences vécues par l’enfant. Enfin, par leurs actions, ils veillent à ce que l’enfant soit dans un environnement qui ne gène pas son développement.

Par rapport à la situation qui est ici examinée, cela signifie que les parents seront attentifs à la différence d'âge du correspondant de leur enfant.. Les adolescents sont généralement enclins à aller vers d’autres adolescents. Toute différence d'âge importance mérite donc un examen plus précis de la situation

Les parents doivent également être attentifs à la manière dont l’adolescent investi les mondes numériques. Dans la situation banale, l’internet est un moyen parmi d’autres pour créer et rester en lien avec des connaissances. Les situations problématiques sont celles ou l’Internet est le seul moyen utilisé par l’adolescent pour entretenir une vie sociale. Il faut alors prendre le temps d’examiner avec lui les raisons de cette façon de faire. Est-ce parce que la vie hors ligne lui est source de trop de difficultés ? Est elle temporaire et liée à des désagréments vécus récemment ? Est ce une situation qui est en train de s’installer ?

 

Résumons : face à un adolescent ayant trouvé l’amour sur l’Internet, les parents auront d’abord à veiller  ce  qu’il ne perde pas trop de temps à chercher l’amour parfait dans les reflets du cyberespace plutôt que de travailler à construire une relation amoureuse.

vendredi 16 novembre 2012

Objets numériques et adolescence riment avec culture

Digital Gutemberg

Le  fait que les enfants soient de plus en plus souvent possesseurs d’objets numériques comme des smartphones et des ordinateurs apporte des parfois des froncements de sourcils de la part de psychologues et d’éducateurs. Quelques spécialistes de l’enfance et de l’adolescence s’inquiètent en effet du bon développement des jeunes digiborigènes. Accéder partout et à n’importe quel moment à des objets numériques serait préjudiciable à leur développement : “les enfants ne savent plus attendre, tout est accessible, le plaisir est immédiat, ils ne s’ennuient plus” sont alors les choses que l’on peut attendre.

Il y a là quelques confusions. D’abord, le fait de posséder un ordinateur ou un iPhone n’est pas un remède contre l’ennui. Il est possible de s’ennuyer, même en jouant avec un jeu vidéo. Ensuite, l’ennui est une situation difficile qui n’est pas structurante en soi. Ce qui est structurant, c’est de penser l’absence, ou l’’impossibilité qui ont conduit au vécu d’ennui.

Par ailleurs, l’accessibilité de plus en plus grande des média n’est pas en soi une une nouveauté ni même une mauvaise nouvelle.Le philosophe Paul Valery a réfléchi sur les changements qu’il observait à l’horizon des années 30. L’espace et le temps étaient rapidement transformés du fait du progrès des techniques de la communication.  Valery s’en réjouit, car il voit là des occasions renouvelées de profiter des bienfaits de œuvres ou que l’on se trouve et imagine un futur qui n’est pas sans évoquer notre quotidien :

“Comme l’eau, comme le gaz, comme le courant électrique viennent de loin dans nos demeures répondre à nos besoins moyennant un effort quasi nul, ainsi serons-nous alimentés d’images visuelles ou auditives, naissant et s’évanouissant au
moindre geste, presque à un signe”

Le philosophe n’y voit pas un obstacle à la pensée, mais un élargissement de la culture.

“Naguère, nous ne pouvions jouir de la musique à notre heure même, et selon notre humeur. Notre jouissance devait s’accommoder d’une occasion, d’un lieu, d’une date et d’un programme. Que de coïncidences fallait-il ! C’en est fait à présent d’une servitude si contraire au plaisir, et par là si contraire à la plus exquise intelligence des œuvres. Pouvoir choisir le moment d’une jouissance, la pouvoir goûter quand elle est non seulement désirable par l’esprit, mais exigée et comme déjà ébauchée par l’âme et par l’être, c’est offrir les plus grandes chances aux
intentions du compositeur, car c’est permettre à ses créatures de revivre dans un milieu vivant assez peu différent de celui de leur création. Le travail de l’artiste musicien, auteur ou virtuose, trouve dans la musique enregistrée la condition essentielle du rendement esthétique le plus haut"
Paul Valery

Peut-être est ce que les Cassandre d’aujourd’hui qui craignent que Google ne nous rendent stupide pourraient s’en inspirer ? Ce n’est pas Google qui rend stupide. Ce qui est stupide, c’est de ne pas s’en servir. Avoir des contenus numériques a portée de main multiplie les occasion de contact avec des savoirs et des connaissances, et donc les occasion de rencontre avec la culture