mardi 22 avril 2014

Les jeux vidéo nuisent ni à l'imaginaire ni à la créativité



Il est parfois reproché aux jeux vidéo d’être des obstacles à la créativité des enfants. La richesse des images des jeux vidéo ne permettrait pas aux enfants de se laisser aller au travail de l’imagination. Les images leur seraient servies “toutes faites” ce qui finalemenet le priveraient de l’effort de l’imaginaire.

Cette critique est ancienne; Elle tient tout d’abord a la nature des images. On la retrouve chez les premiers surréalistes qui craignaient que l’image photographique ne finisse par tuer le rêve. Par la suite, les surréalistes vont être ceux qui feront un grand usage de l’image photographique. Par différentes techniques, ils montreront que l’image photographique se nourrit des images du rêve et qu’elle en est également un ingrédient. 

En ce qui concerne les images des jeux vidéo, la richesse des images ne doit pas être confondue avec le réalisme. Les armes de Call of Duty et de Battlefield sont sans aucun doute décrites avec beaucoup de détails, elle ne sont pas réalistes. Le joueur ne sent pas les 3,6Kg du M16 ni le recul de l’arme. Les effets des grenades sont largement sous estimés. Le réalisme dans le jeu vidéo est toujours au service du jeu. Par exemple, un calibre 12 a canon scié verra ses effets augmentés, parce que la culture cinématograhique a imposé l’idée que cette arme est dévastatrice a courte portée. Même le très sérieux America’s Army doit faire une place au gameplay et au fun. Le réalisme des personnages dans le jeu vidéo est comparable à celui de la poupée Barbie. Les personnages ont tendance a être d’autant plus grands que le niveau de détail est faible. Quelque soit le “réalisme” des jeux vidéo, ils restent encore et toujours des jeux. 

De la même manière qu’un enfant peut décider qu’un bout de bois peut être une épée, un destrier ou un bâton, les joueurs font preuve de créativité dans les jeux vidéo. Il est toujours possible de faire autre chose avec ce qui est donné par le jeu. Par exemple, le jeu Quake II permettait de s’affronter a coups de lance roquettes. Les joueurs ont découvert en tirant vers le sol et en sautant, ils pouvaient profiter de l’effet de souffle pour être projeté en hauteur. Cela leur permettaient d’atteindre des zones inaccessibles aux autres joueurs et de bénéficier d’avantages stratégiques. Les joueurs cherchent sans cesse de nouvelles façons de battre leurs adversaires ou tout simplement de progresser dans le jeu.

Même dans un jeu incroyablement nerveux comme Counter Strike, il reste de la place pour la créativité. Les joueurs font preuvent d’une grande inventivité pour communiquer entre eux en utilisant et détournant les éléments dont ils disposent dans le jeu. Ces interactions restent souvent invisibles aux observateurs qui ne voient que des combats avec des armes a feu et de la violence. Elles sont pourtant une part importante de l’expérience de jeu. Un bon joueur ne fait pas que aligner des “kills”. Il est capable de comprendre ce que les autres joueurs lui communiquent et de participer aux échanges. 

La crainte que les jeux vidéo ne tue la créativité des enfants est surtout le reflet de préconception. L'idée selon laquelle les enfants qui jouent avec des boites, des blocs ou des objets peu structurés et qui ne sont pas déjà des images de quelque chose imaginent davantage que ceux qui jouent avec des jouets réalistes est en effet répandue (Sutton-Smith, 1986). Elle n'est cependant pas vérifiée.

Les psychologues utilisent le test de Torrance pour évaluer la créativité. Ce test permet d’évaluer la pensée divergente, qui est un composant important de la créativité. Au USA, le résultat a ce test diminue depuis plusieurs années. Les enfants sont moins capables de produire des idées originales, ils ont moins d’humour et sont moins imaginatifs. La pression scolaire serait une des causes de la baisse de créativié des enfants. En effet, alors que la créativité baisse, les notes obtenues sont en moyenne meilleures. Cette pression scolaire se traduit par des agenda surchargés, qui laissent de moins en moins de temps aux enfants pour jouer. En d’autres termes, les enfants s’adaptent aux exigences qui leur sont faites, mais au prix de leur créativité. En examinant la pratique des écrans (ordinateur, Internet, jeux vidéo, téléphone) chez des enfants de 12 ans, des chercheurs ont trouvé une relation entre les jeux vidéo et la créativité. Ce lien existe pour tous les jeux vidéo, qu’ils soient violents ou non. .Ce n’est pas que les jeux vidéo aient quelque chose de particulier. Ils sont tout simplement la part de jeu que leur laisse les adultes. Dans ce contexte, les jeux vidéo sont plus une aide qu’un problème

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