dimanche 14 mai 2017

13 raisons de regarder 13 Reasons Why


La série 13 Reasons Why fait de l’objet de nombreuses critiques. Des professionnels de l’enfance ont exprimé la crainte qu’elle puis favoriser des comportements suicidaire chez des personnes vulnérable. Mais la preuve qu’un média puisse conduire une personne au suicide est faible



L’idée que le suicide puisse être contagieux est ancienne. Au 19e siècle, de nombreux suicides ont été attribués à la lecture du roman Le jeune Werther de Goethe. Même si un lien direct n’a pas été prouvé, l’idée de l’effet d’un média est resté dans les esprit. Les recherches plus récentes montrent qu’il existe risque d’imitation des conduites suicidaire lorsqu’elles sont confrontées au suicide d’un proche. 

Les psychologues ont tenté d’explorer la relation entre l’annonce d’un suicide dans les media et les comportements suicidaires. La question était de savoir si la description d’un suicide dans la presse pouvait produire des suicides par imitations. Les résultats d’un ensemble de recherche laissent penser qu’une imitation est possibles à certaines conditions. Ce n’est pas tant l’annonce du suicide qui est problématique que la manière dont le suicide est décrit. Les explications simple du geste suicidaire, le maintien d’histoires de suicide dans les média, la couverture sensationnelle du geste suicidaire avec des images dramatiques ou morbides, les modes d’emploi, la présentation du suicide comme une manière de résoudre un problème, ou encore la présentation exagérément positive du suicidant sont des facteurs qui contribuent à augmenter le risque suicidaire chez les personnes fragiles

Cependant, les preuves d’une relation directe restent faibles. Le suicide de Kurt Cobain a été largement couvert, avec des images dramatiques ou morbides. La manière dont la rock star a mis fin a ses jours a été minutieusement décrite, le suicide a été présenté comme une solution et bien évidemment Kurt Cobain a été glamorisé. Ainsi, toutes les conditions qui augmentent le risque suicidaire ont été réunies. Pourtant, cette couverture médiatique massivement mondiale n’a pas suscité d’imitation. 

L’idée d’une contagion des comportements suicidaires via les média a même été contestée. James B. HITTER qui a examiné les preuves de la validité du modèle suggestion-imitation du suicide met en avant que les études qui mettent en lien la couverture médiatique des suicides et les taux de suicide sont rares. Le réexamen de leurs résultat montre que le lien entre entre les deux variables est faible. 

Qu’en est il des suicides dans les fictions ? Là encore, la recherche apporte peu de certitude Après une revue de la manière dont le suicide est présenté dans la littérature, au cinéma et dans les séries télés, PIRKIS et ses collègues ne sont pas arrivé à trouver de relation évidente entre les suicides dans la fiction et les suicides réels.

13 Reasons Why dépeint une galerie de personnages aux prises avec les difficultés et les plaisirs de l’adolescence : la vie amoureuse et sexuelle, les excitants (alcool, drogue), l’agressivité et la violence (harcèlement, viol). Le personnage central est présent par son absence. Hannah Baker s’est suicidée en laissant derrière elle des cassette audio elle expose les raisons de son geste. La série est donc basée sur le lent dévoilement des facteurs précipitants du suicide d’Hannah. 

Un suicide n’est jamais le résultat d’un événement isolé mais découle d’une interaction de plusieurs facteurs prédisposants et précipitants.


  1. Les facteurs du suicide sont complexes : biologiques, psychologies et sociaux
  2. Les facteurs du suicide sont complexes : précipitants, déclenchants et protecteurs
  3. Les preuves d'une relation directe entre un média et un comportement n'ont jamais été apportées
  4. Les preuves d’une relation entre le suicide et les média (fictionnels et non-fictionnels) sont faibles
  5. Le suicide par imitation concerne des personnes qui sont liées dans la réalité
  6. La série ne glorifie pas le suicide de Hannah
  7. Le suicide d’Hannah n’est pas présenté comme une solution
  8. Le suicide d'Hannah n'est pas l'élément central de la série. Le harcèlement, le viol, la cécité des adultes sont des points importants
  9. La série ne présente pas le suicide d’Hannah d’une manière simple - elle ne s’appelle pas 13 Reasons Why pour rien 
  10. La série montre la différence entre l'expérience intime d'une personne et ce qu'elle peut laisser paraitre
  11. La série montre l'importance de capter les signaux faibles de détresse d'une personne
  12. La série donne l’occasion de parler avec les adolescents des problèmes qu’ils peuvent rencontrer et des solutions qu’ils peuvent trouver.
  13. 13 Reasons Why est une série. Son but est de divertir en suscitant une gamme d’émotions chez le spectateur

Au final, rien dans les résultats actuels de la recherche ou dans la série elle-même ne laisse penser que qu’elle puisse être à l’origine de comportements suicidaires. Les inquiétudes ce sujet apparaissent largement surdimensionnées. 13 Reasons Why donne l’occasion de passer un bon moment devant une série de télévision et de parler avec les adolescents de problèmes de santé mentale.






REFERENCES :




Jobes, D. A., Berman, A. L., O'Carroll, P. W., Eastgard, S., & Knickmeyer, S. (1996). The Kurt Cobain suicide crisis: perspectives from research, public health, and the news media. Suicide and Life-Threatening Behavior, 26(3), 260-271.




Hittner, J. B. (2005). How robust is the Werther effect? A re-examination of the suggestion-imitation model of suicide. Mortality, 10(3), 193-200.




Pirkis, J., & Blood, R. W. (2001). Suicide and the media: Part II. Portrayal in fictional media. Crisis: The Journal of Crisis Intervention and Suicide Prevention, 22(4), 155.